comment mon projet 365 a fait progresser ma calligraphie
En janvier 2016, un an et demi après avoir débuté la calligraphie, j’ai – un peu impulsivement – pris la décision de me lancer dans un “projet 365”… Inspirée par les projets similaires que d’autres calligraphes avaient déjà posté sur Instagram, j’étais persuadée que la pratique quotidienne et le poids de la responsabilité allaient me permettre d’améliorer mon style et d’apprendre en m’amusant. J’imaginais peut-être même faire des progrès fulgurants et faire tomber en pâmoison un public en délire au moindre post…
Pour éviter de me faire psychanalyser par mes quelques “followers”, et surtout pour sortir un peu des sentiers battus, je décidai de ne pas simplement écrire une citation inspirante, mais de trouver chaque jour un titre d’article insolite à illustrer. Bref, je démarrai le coeur léger ce qui promettait d’être une année très intéressante !
En réalité, ce challenge n’a pas été facile tous les jours, et je dois admettre que je suis assez contente que la “terrible” année 2016 soit enfin terminée. Ceci dit, voici la liste des choses que j’ai pu apprendre au cours de cette longue expérience.
1 – La Calligraphie est une discipline qui exige une pratique régulière, de la patience et de la persévérance..
Ok, bon c’est une chose que je pensais déjà savoir…
Mais cela m’a été rappelé à plusieurs reprises au cours de l’année. Il m’est arrivé à de très nombreuses reprises de ne pas avoir l’occasion de m’entraîner en dehors du projet du jour. Il faut dire que chaque post me demandait entre 1 et 2h de travail… Il est clair que j’aurais aimé pouvoir passer plus de temps à expérimenter sans aucune pression, juste pour le plaisir de jouer avec mes plumes et mes encres. D’un autre côté, l’une de mes motivations premières était de créer des oeuvres dignes d’être conservées, moins spontanées et mieux réfléchies. La clé doit sans doute se trouver dans l’équilibre entre l’expérimentation et la création sérieuse… je compte bien essayer d’arriver à cette harmonie en 2017 !
Pour ce qui est de la persévérance et de la discipline, cela a été plus difficile à faire entrer dans ma petite tête… Eviter de me décourager face à la stagnation apparente de mon travail fut quelque chose de très difficile, mais on dirait que j’y suis finalement arrivée… et je suis tellement heureuse de l’avoir fait !
2 – Un entraînement stratégique est plus efficace.
Comme je l’ai dit, au début du challenge mon but principal était de m’entraîner à mettre en page des phrases entières. Après avoir passé plus d’un an à perfectionner les gestes de base et à écrire des mots aléatoires sur du papier de brouillon, j’avais besoin de passer à des créations plus concrètes, plus finies.
J’ai tout d’abord appris à mes dépens qu’un peu (voire beaucoup) de planification ne fait pas de mal : nous n’avons pas tous le talent d’une Schin Loong ou d’un Michael Sull et il faut savoir être patient et passer par la case “apprentissage” avant d’arriver à remplir une feuille sans tracer de lignes ou faire de brouillon… Et même après toute cette pratique, je dois encore tracer les lignes de base et de hauteur de x et je planifie ma mise en page au crayon avant d’écrire.
A mesure que le temps passait et que je gagnais un peu en confiance, j’ai ressenti l’envie de faire évoluer mes études et, chaque jour, j’essayais de prendre délibérément la décision de travailler tel ou tel aspect de ma calligraphie. Sans surprise, j’ai très vite remarqué que je travaillais mieux quand j’avais un but précis. C’est comme ça que j’ai pu visiblement améliorer la qualité de mes traits, apprendre à créer des arabesques originales, et étoffer ma “librairie de lettres”.
Enfin, je pense que tout cet exercice constructif m’a permis de commencer à développer un style qui m’est propre…
3 – La créativité, ça ne se force pas.
Promettre de créer quelque chose de beau tous les jour, c’est bien joli mais ça met un peu la pression… Les premiers mois, j’avais pratiquement chaque jour l’impression de créer ma meilleure oeuvre. Mais au bout d’un certain temps cette pression a eu plutôt tendance à étouffer ma créativité et à entamer la qualité de mon travail. J’ai appris à mes dépens que je ne peux pas être originale ou exceptionnelle tous les jours. J’ai besoin de me renouveler, de prendre l’air, et d’être patiente avec moi-même. C’est pour cette raison que je n’ai pas pu poster réellement tous les jours : il me manque une grosse cinquantaine de posts pour arriver aux 366 promis au début de l’année.
Par contre, j’ai appris qu’avoir une routine bien réglée m’aidait à être plus créative. Travailler à heure fixe et toujours suivre le même procédé, pour moi qui suis particulièrement désordonnée et “libre”, ce fut une drôle de découverte !
Comme beaucoup de calligraphes, je peux être terriblement exigeante avec moi-même, ça m’a fait du bien de prendre connaissances de mes limites et d’apprendre (tout doucement) à les accepter et à les apprivoiser.
4 – Expérimenter avec du nouveau matériel, et savoir trouver ce qui me plaît.
De projet en projet, j’ai évidemment eu l’occasion d’utiliser quantité de papiers, d’encres et de plumes… Il y en a encore beaucoup à essayer, mais j’ai appris à reconnaître le matériel qui me convient.
J’ai découvert que certains papiers aquarelle ne prenaient pas l’encre aussi bien que d’autres, que certaines textures sont plus agréables pour écrire (le papier dessin à grain est assez sympa), que la gouache et l’aquarelle sont des encres absolument géniales et que mes goûts en matière de plume changent régulièrement… Mais je vous reparlerai de me préférences plus tard !
5 – Le monde est un peu fou…
Rétrospectivement, je crois que 2016 ne restera pas dans les mémoires comme la meilleure année de tous les temps. Entre les attentats, les guerres, les réfugiés, les résultats électoraux surprenants, les catastrophes naturelles et la véritable hécatombe dans le rang de mes idoles de jeunesse, on dirait qu’une page de notre Histoire a été tournée trop violemment. A côté de tout cela, mon amusant petit projet personnel semblait bien superflu, voire même “déplacé”, à certains moments…
Beaucoup des nouvelles insolites que j’ai partagées ont été choisies parce qu’elles me faisaient rire ou sourire, d’autres étaient plutôt surprenantes ou faisaient réfléchir… Alors que les médias nous récitaient la longue liste des péchés humains, j’ai aimé regarder ailleurs et ouvrir mon esprit aux cultures différentes de la mienne, discuter avec mes amis d’Instagram de toutes ces petits événements un peu bizarres qui ont rendu cette année un peu plus légère et qui m’ont indirectement permis de grandir en tant qu’artiste.
J’en profite pour remercier tous ceux qui ont pris le temps de me rejoindre sur Instagram, de m’encourager tout au long de l’année. Ils m’ont donné l’énergie nécessaire pour reprendre ce travail (presque) chaque jour, en dépit de ma fatigue ou de mon manque d’inspiration…
Finalement, tout le temps passé à concevoir, écrire et illustrer ces quelques 311 titres “d‘actualité” a été plutôt bénéfique à mon travail de calligraphe. Je me suis souvent sentie dépassée, j’ai voulu tout laisser tomber plus d’une fois, mais quand je regarde l’évolution de mon style au cours de l’année écoulée, je ne peux m’empêcher d’être fière. En outre, j’ai réussi l’exploit de créer toutes ces petites oeuvres qui racontent, à ma manière, une petite histoire marginale du monde en 2016.
Bon, je suis loin d’être devenue une maître calligraphe, mais il est clair à mes yeux que ma calligraphie a énormément gagné en qualité et en personnalité. J’arrive maintenant à créer plus naturellement des mises en page intéressantes et des décors originaux… Et même si je suis encore influencée par le travail d’autres talentueux calligraphes (je le serai certainement toujours), mon travail est maintenant équipé de sa propre personnalité.
Un ebook regroupant les 300 meilleurs articles est à présent disponible en Anglais.
https://gumroad.com/js/gumroad.js
I want the Ebook !